L’eau, bien commun ou bien marchand ?

Est ce à tort que l’on parle de l’eau comme d’un bien marchand ?

Lorsque l’on regarde le « Grand cycle de l’eau » qui passe de la mer où l’énergie solaire provoque l’évaporation de l’eau, les mouvements des nuages, la chute des gouttes de pluie sur les plaines et les forêts, l’accumulation de la neige sur les montagnes, la lente descente de la glace dans les vallées, le ruissellement des eaux de surface jusque dans la mer, on peut effectivement dire qu’il s’agit d’un phénomène naturel dont l’appropriation n’est pas souhaitable par des intérêts privés.

Lorsqu’on pense au « petit cycle de l’eau » où l’eau qui tombe du ciel sur le toit est récupérée pour le nettoyage de la maison et l’arrosage du jardin, on peut parler d’économie circulaire. Lorsque l’eau qui tombe sur les collines alimente la nappe phréatique dans laquelle on puise l’eau qui permet aux animaux et aux hommes de boire et de préparer leur nourriture, on admet que la propriété de la source et sa protection sont des éléments vitaux pour une communauté agricole.

Entre les deux, il y a de nombreux cycles intermédiaires dans lesquels on peut avoir des utilisations polluantes et une régénération de la qualité. Pour cela le génie de l’humanité a mis au point des processus qui sont autant de preuves que la concertation et le compromis peuvent aboutir à un « vivre ensemble agréable ». Mais on ne doit pas oublier les innombrables conflits que l’on n’a pas pu éviter, les anxiétés, les incompréhensions, les injustices, les vexations et les échecs répétés… dont sont remplis les livres des historiens comme les paroles de ceux qui les ont précédés.

Ces cycles de l’eau sont les éléments d’un patrimoine humain qu’il faut protéger, défendre et traiter comme tel. En qualité comme en quantité : sur les 480 milliards de m³ de précipitations que reçoit le territoire français en moyenne chaque année, 61% s’évaporent, 23% s’infiltrent dans le sol et 16% alimentent les cours d’eau. Les réserves souterraines sont inégalement réparties : les réserves souterraines de la Bretagne sont faibles puisque 20% seulement des eaux potables proviennent du sous-sol. Ce pourcentage est de 80 % au niveau national. L’eau du Massif Armoricain, comme celle des territoires de montagne, doit être considérée comme une ressource particulièrement précieuse. L’Agence de l’eau et le Comité de Bassin Loire Bretagne ont pour mission de construire un projet entre les utilisateurs de cette ressource : usages domestiques (eau potable) et économiques (agriculture, industrie, loisirs, refroidissement des centrales électriques). L’augmentation indéfinie des prélèvements n’est plus possible aujourd’hui. Le Sdage (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) doit intégrer les conséquences durables du changement climatique, en particulier réfléchir aux mesures réglementaires visant à garantir une gestion équilibrée de la ressource en eau et à la partager lorsqu’elle se raréfie en été. Le mot du président - 2021 - Agence de l’eau Loire-bretagne (eau-loire-bretagne.fr)