Les usages du sol en Bretagne, une prospective à l’horizon 2060
Ce document du CESER ouvre après bien d’autre à une réflexion prospective sur les sols et les risques en Bretagne. Face au réchauffement climatique une mise en action imaginative issue des scénarios évoqués ci-dessous, accélérant par un think tank de crise les passages à l’action, ne serait-il pas nécessaire ? A situation d’exception action d’exception. Il est évident que nous devons rompre avec un raisonnement économique des siècles précédent. Aristote disait déjà qu’il n’est pas inutile de douter. En effet qui doute est conduit à chercher, qui cherche peut saisir la vérité.
Introduction de Robert JESTIN Ecoorigin / Ar Nevez
Le CESER a réalisé une étude prospective sur les usages et l’évolution du sol en Bretagne qui est faite à l’horizon 2060, c’est à dire nettement plus loin que les scénarios que nous lisons souvent maintenant et qui mettent en évidence des questions à résoudre rapidement, puisque 2030 c’est vraiment demain. En 2060 il y aura eu des transformations et certaines peuvent être très importantes (protéger et exploiter une ressource minière par exemple) et cela vaut la peine d’y réfléchir sérieusement. Quels seront demain les usages du sol en Bretagne, comment se répartiront-ils au cours des prochaines décennies ? Sera-t-on en mesure de réguler la pression foncière et de préserver les fonctionnalités du sol, déjà fortement dégradées ? Si oui, avec quels outils ? Et quelles seront les conséquences de ces évolutions sur le prix des logements, les activités économiques, la souveraineté alimentaire ou encore la physionomie des villes et leur urbanisation grandissante ? Quelles tensions sociales et territoriales, quelles nouvelles alliances pourront se nouer autour de cette question foncière ? Pour répondre à ces interrogations, le CESER a imaginé 4 scénarios :
Scénario 1 Des usages du sol sectorisés par une spécialisation des enjeux
Ce scénario se structure autour de trois grandes unités paysagères :
– Les grandes plaines agricoles rassemblant les acteurs de l’alimentation, de l’agro-alimentaire, des bioénergies et des biomatériaux
– Les fonds de vallée propices à un habitat et une agriculture alternatifs, constituant des réserves de biodiversité
– Les zones urbanisées constituées de villes durables où la gestion de l’eau demeure un enjeu majeur
Scénario 2 : Des usages du sol redistribués par des réinvestissements locaux
La décentralisation du territoire s’est accentuée et les collectivités se sont organisées pour travailler ensemble. Les initiatives citoyennes locales se sont développées. L’habitat s’est dispersé sur le territoire. De petites unités fermières se sont constituées et favorisent le circuit court. De même l’industrie se structure essentiellement autour de petites unités artisanales.
Scénario 3 : Des usages du sol libéralisés par une économie remodelée
Les terres agricoles ont été accaparées par des grands groupes qui ont avant tout un objectif économique et ont vocation à développer des activités rémunératrices conduisant à des changements d’usages et de pratiques. L’agroalimentaire n’est plus une priorité et la Bretagne se tourne vers une nouvelle économie du tourisme, du numérique et des services. Ces nouvelles activités se situent principalement le long du littoral.
Scénario 4 : Des usages du sol planifiés pour la souveraineté nationale
Compte tenu des tensions géopolitiques, l’Etat met en œuvre une politique d’indépendance des ressources minières (La Bretagne dispose d’un gisement de lithium dans le Finistère) et de souveraineté alimentaire. Il favorise aussi la réduction des émissions carbone.
Ces scénarios fournissent des orientations possibles et permettent de réfléchir sur les enseignements à tirer et sur les meilleurs choix à mettre en œuvre dans le futur. Factuellement, le sol est un écosystème fragile et il faut donc le préserver au maximum de la pollution, des excès de fertilisant, de l’étalement urbain. Ce dernier doit être limité et la densification, que ce soit en milieu rural ou en milieu rural, doit devenir une priorité tout en prenant en compte la dimension sociale (nombre de logements suffisants à des prix abordables, facilité d’accès à la propriété, logements proches des lieux de travail en particulier pour limiter les déplacements, prise en compte des fractures intergénérationnelles et de la mixité sociale …). La gestion de l’eau, sa qualité et sa distribution équitable sur le territoire est également un enjeu important.
Sur le plan sociétal, l’évolution des usages des sols appelle à des débats publics et à des concertations citoyennes pour évoquer les sujets sur les droits de propriété et les risques que cela engendre, la fiscalité du sol et les mécanismes de régulation qu’elle permet en partie, les mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique, la gouvernance avec l’articulation entre les différents niveaux de prise de décision (collectivités locales, la Région qui a en charge le Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires SRADDET), l’Etat et les différents acteurs économiques.
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